Sujet publié le 1 avril 2022 à 11h19
Les sondages, et plus encore leurs interprétations ne relèvent pas d’une science exacte.
Scrutin après scrutin, les différents organismes qui interrogent le corps électoral se perdent dans l’à-peu-près, se trompent même lourdement quelquefois, mais continuent inlassablement de tourner la même roue des certitudes approximatives et des justifications à postériori.
L’élection présidentielle de 2022 n’échappe pas à la règle.
Emmanuel Macron est largement en tête, même si sa côte s’effrite légèrement, la deuxième place est disputée par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon et l’issue du deuxième tour ne fait pas débat.
Espérons simplement que tous nos savants prévisionnistes n’auront pas tous à s’excuser le 10 avril au soir, en répétant « Personne ne l’avait vu venir ! »
Parce qu’on les voit bien venir, la surprise, le séisme, le mur, le monde à l’envers.
Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a bousculé les codes, désintégré le vieux monde politique qui ne lui pardonne pas son audace, qui garde un pouvoir de nuisance non négligeable et distille dans l’opinion, avec le relais complaisants de spécialistes de tout et de rien, mille venins lents et obstinés.
La hauteur de vue serait de l’arrogance, la volonté de réformer pour laquelle mandat a été donné tiendrait du déni de démocratie.
Sur les ronds-points et dans toutes les manifestations anti-vax ou anti-tout, on apprête la liberté à toutes les plus mauvaises sauces, on privilégie l’intérêt individuel ou catégoriel, on déguise en revendications de vieilles haines recuites contre tous les pouvoirs.
On peut toujours lister les 171 réformes réalisées
On peut constater que les engagements ont été respectés sur la fiscalité et le pouvoir d’achat, se réjouir de la baisse du chômage, louer la gestion efficace et solidaire des crises qui ont émaillé les cinq dernières années.
On peut encore comparer la détermination du Président Macron avec le manque de conviction ou l’inaction qui ont caractérisé les vingt années passées.
On peut modestement reconnaître que beaucoup reste néanmoins à faire, notamment les grandes réformes sociales, ou le dépassement des clivages anciens pour créer une démocratie solide et renouvelée.
Nombre de Françaises et de Français souffrent des injustices, de la dégradation des services publics, des difficultés à vivre décemment, des inégalités criantes quand le SMIC ne représente que des miettes au regard de certaines rémunérations.
Mais, par-delà toutes les constatations, par-delà l’incarnation de la fonction et la volonté d’avancer tous ensemble, la même antienne revient en boucle : Emmanuel Macron ne serait pas suffisamment proche des gens …
Il reste le mal aimé, sans que personne ne sache ce que signifie cette affirmation, même si le talent peut créer des irritations, des aigreurs…
On a pourtant bien vu ce que ses trois prédécesseurs débonnaires et serreurs de mains ont réalisé de réformes et d’amélioration de la vie !
Tout cela paraît totalement irrationnel, mais le poison est bien là, tapi dans le non-dit, dans un vote à venir qui, s’appuyant sur le leitmotiv inopportun d’un fallacieux manque de proximité, voudrait une fois pour toutes balayer les sortants, faire croire au grand soir ou rejeter hors de nos frontières tous les boucs-émissaires des souffrances et des espoirs déçus.
Un vote irrationnel, un coup de colère qui ouvrirait la voie à deux démagogues autoritaires et plongeraient à coup sûr le pays dans le chaos …
Une deuxième tour Le Pen - Mélenchon est possible.
Pour ne pas se retrouver devant ce choix catastrophique, pour ne pas avoir à dire « Personne ne l’avait vu venir ! », il est urgent de balayer les rengaines absurdes et de revenir à l’essentiel.
Jean-François Drut
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